J-8

Nous voilà à J-8.
Le dernier bloc est passé, les jambes récupèrent, et la tête, elle, commence à voyager.
Le 100 miles Pyrénées Méditerranée le week-end dernier s’est déroulé comme dans un rêve : 170 km, 34 heures d’aventure, sans blessure, accompagné par les amis, sans excès, juste ce qu’il fallait d’engagement pour clore la préparation.
Pas de courbatures à ce jour, seulement un ongle un peu cabossé — la petite signature classique de l’ultra.
Le mot d’ordre maintenant : dormir, recharger, faire du jus.
J’essaie d’être appliqué, de bien me reposer, de mesurer mon sommeil avec ma bague connectée (qui, je l’espère, saura détecter mes futures siestes express de 10 minutes au cœur de la troisième nuit à Bell Buckle…). je vous en parlerai à mon retour après échange avec Pierre, le medecin spécialiste du sommeil qui me suit.

Le camp de base, ce lieu paradoxal

J’ai compris l’importance du camp de base lors de mes deux participations à la Chartreuse Terminorum.
Ce lieu où, après 60 km et 5 000 m de D+, tu retrouves tes proches, un repas chaud, un massage, un regard bienveillant — et la tentation.
Celle de rester.
Parce qu’on s’y sent bien, peut-être un peu trop.
Et pourtant, il faut repartir, vite, avant que le confort ne t’englue, avant que la lucidité ne te souffle que “ce serait déjà pas mal”.

Sur une Terminorum ou une Barkley, peu de coureurs parviennent à repartir quatre fois du camp de base pour attaquer la cinquième boucle.
Et ce même lieu, qu’on redoute parfois, devient à la fin le symbole de la délivrance sur le moment, et des regrets par la suite.

La Backyard : un retour à soi toutes les heures

S’il existe une course où le camp de base prend tout son sens, c’est bien la Backyard.
Toutes les heures, on y revient. Toutes les heures, on repart… ou pas.
Une boucle, une pause, une nouvelle chance.
Je sais déjà que je m’y sentirai bien, là-bas, chez Laz, dans ce lieu qui respire l’histoire et la simplicité, entouré de gens simples et humbles et d’amis.

Mais cette année, je n’y vais pas seul.
J’emmène avec moi un autre camp de base — celui que j’ai construit ici, en France, entouré de mes proches, de mes amis, de tous ceux qui m’envoient leurs messages et leur énergie.
Ce camp-là, c’est le camp de base intérieur : le ressort de mes motivations profondes, ce que j’ai envie de me prouver, ce que j’ai envie de rendre possible aux yeux des autres.

Le camp qu’on porte en soi

Avec Sébastien, on travaille à en extraire la quintessence.
À trouver cette raison intime, celle qui résiste quand tout le reste vacille.
Celle qui me fera repartir, encore et encore, au-delà des trois nuits blanches, au-delà des doutes. Stéphane Brogniart, coach mental du team point barre et aventurier parle de sa “cause noble” : quelle est ta cause noble, pourquoi t’engages tu dans ce projet… et pour trouver sa “cause noble”, il faut aller chercher bien au fond de soi les raisons, apprendre à se connaitre, oser de regarder tel qu’on est réellement. C’est un exercice pas facile mais qui peut tellement mobiliser d’énergie !

L’avantage de ce camp intérieur, c’est qu’il est toujours accessible.
Je peux y retourner à tout moment.
Par la visualisation, j’y retrouve la paix, la chaleur, parfois même la présence de ceux qui comptent.
Et la science le confirme : le cerveau ne fait pas la différence entre ce qu’il vit et ce qu’il imagine.
Alors autant imaginer juste — et fort.

Et puis, il y a encore un dernier camp.
Celui du silence, de la respiration lente, de l’auto-hypnose en mouvement.
Un espace mental où je peux me réfugier pour économiser chaque gramme d’énergie, pour ne faire qu’un avec la course. là aussi, j’utilise la visualisation pour imaginer réellement un endroit personnel.
Le but, pendant ces jours à venir, sera de savoir naviguer entre ces trois camps :
celui du réel, à Bell Buckle, celui du cœur, que j’emmène avec moi, et celui du calme, au plus profond de moi-même.

Avant le grand départ

Côté logistique, tout est prêt.
Ce week-end sera consacré au repos et à la préparation des sacs.
Départ mercredi matin à 7h de Toulouse avec mes deux équipiers de choc pour un enchainement de 3 vols et rejoindre le Tenessee
Prochaine et dernière newsletter : depuis les États-Unis, à J-2 de la course.

Nous sommes maintenant à J-8, et la tente intérieure est plantée solidement.
Le camp de base est prêt.
Et moi aussi.

⏳ Décompte avant les championnats du monde

📍 J-8 avant la Big Dog’s Backyard Ultra
Ca parait fou.. plus qu’une semaine et feu pour la backyard la plus relevée de l’histoire !

À la semaine prochaine,
Ronan

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